dimanche 20 janvier 2013

LE NETTOYAGE ETHNIQUE 15 mai 1948



« LE NETTOYAGE  ETHNIQUE  DE  LA PALESTINE » :
Sur une population largement sans défense. Aujourd’hui le nœud  gordien de ce conflit  réside dans le concept  de paix de chacune des parties : les Palestiniens veulent la paix mais aussi que leurs droits soient respectés, c'est-à-dire : « la paix par le droit ». Les Israéliens veulent la paix par : « l’arrêt des hostilités »  le droits des Palestiniens est secondaire, on verra cela après !  Aujourd’hui, croire, faire croire ou laisser croire, que sans une intervention légale, la paix est possible c’est faire abstraction  des dogmes sionistes.  

 ILAN PAPE

Dans le Nettoyage Ethnique de la Palestine il y a eu les :
Campagnes vengeresses : 15 mai 1948  (I)

Le succès n’a pas été sans limites, cependant. Il y a eu, inévitablement, des problèmes dans le galop effréné des opérations israéliennes, et un prix à payer pour gérer simultanément le nettoyage systématique de la Palestine et l’affrontement avec les armées régulières arabes qui commençaient a entrer dans le pays à la mi-mai 1948. Les implantations isolées ont été laissées en situation vulnérable  - dans le Sud face aux troupes égyptiennes, qui en ont occupé plusieurs, mais pour quelques jours seulement, et dans le Nord face aux troupes syriennes, qui en on pris trois, pendant quelques jours également. L’envoi fréquent de convois à travers des zones arabes très peuplées et non encore prises a occasionné d’autres sacrifices : certains de ces convois ont été attaqués avec succès et plus de 200 soldats juifs ont été tués.
À la suite d’une de ces attaques, qui visait un convoi se dirigeant vers l’implantation juive de Yechiam, à l’extrémité nord-ouest du pays, les soldats qui ont mené plus tard des opérations dans cette région  se sont montrés particulièrement durs et vindicatif dans la façon d’accomplir leur mission.
L’implantation Yechiam se trouvait à plusieurs kilomètres au sud de la frontière occidentale de la Palestine avec le Liban. On  a dit expressément aux soldats juifs participant aux attaques de villages de l’opération Ben-Ami, en mai 1948, que leurs objectifs devaient être anéantis pour venger la perte du convoi. C’est ainsi que les villages de Sumiriya, Zib, Bassa, Kabri, Umm al-Faraj et Nahr ont été soumis à une version aggravée, plus cruelle, de la procedure « détruire et expulser » des unités israéliennes : « Notre mission : attaquer pour occuper, […] tuer les hommes, détruire et mettre le feu à Kabri, Umm al Faraj et Nahr. »
Le supplément d’ardeur ainsi inspiré aux troupes a produit l’une des opérations de dépeuplement les plus rapides dans l’une des régions arabes à plus forte densité démographique de Palestine.
À vingt neuf heures de la fin du Mandat britannique, presque tous les villages des districts du nord-ouest de la Galilée  - qui se trouvaient tous sur le territoire dévolu aux Arabes, par l’ONU – avaient été détruits, ce qui permit à Ben Gourion  content de lui d’annoncer au Parlement fraîchement constitué : « La Galilée occidentale à été libérée » (certains villages du nord de Haïfa n’ont été en réalité été occupés que plus tard). Autrement dit, il n’avait fallu aux troupes juives qu’un peu plus d’une journée pour transformer un district peuplé de 96% de Palestiniens et de 4% de juifs  - avec des proportions comparables pour la propriété des terres -  en une zone presque exclusivement juive. Be, Gourion était particulièrement satisfait de la facilité avec laquelle on avait expulsé les populations des gros villages, comme Kabri, qui comptait 1 500 habitants, Zib, qui en comptait 2 000, et le plus important, Bassa, où vivaient 3 000 personnes.



Campagnes vengeresses : 15 mai 1948  (II)
Il fallut plus d’une journée pour vaincre Bassa, en raison de la résistance de ses miliciens et de quelques volontaires de l’ALA. Si l’ordre d’être particulièrement dur avec ce village pour se venger de l’attaque contre le convoi de Yechiam ne suffisait pas, sa résistance a été perçue comme une autre raison de « punir » le village (c’est-à-dire  faire plus qu’expulser sa population). Les villages qui se révélaient difficiles à soumettre devaient être « sanctionnés ». Comme pour tous les traumatismes dans la vie des êtres humains, certaines des pires atrocités restent gravées en profondeur dans la mémoire des survivants. Les membres des familles des victimes ont conservé ces souvenirs et les transmise d’une génération à l’autre.
Nizar al-Hanna appartien à une de ces familles, dont les souvenirs reposent sur les scènes traumatisantes qu’a vécues sa grand-mère :
Ma grand-mère maternelle était une adolescente quand les troupes israéliennes sont entrées dans Bassa et que tous les hommes jeunes ont été alignés devant l’une des églises et exécutés. Ma grand-mère a vu la Haganah exécuter deux de ses frères  - l’un avait vingt et un ans, l’autre vingt deux, et il venait de se marier.

La destruction totale qui a suivi le massacre a épargné une église où priaient les chrétiens orthodoxes grecs du village ainsi qu’un sanctuaire musulman à coupole qui servait à l’autre moitié de la population. On peut encore apercevoir aujourd’hui quelque maison entourée de barbelés dans un champ en friche, expropriée au bénéfice de citoyens juifs. Le territoire du village était si vaste (25 000 dounoums, dont 17 000 étaient cultivés) qu’il comprend actuellement une aéroport militaire, un kibboutz et une ville nouvelle. Le visiteur attentifs ne peut pas ne pas remarquer les vestiges d’un système complexe d’adduction d’eau qui faisait la fierté des villageois : il venait d’âtre terminé quand l’endroit à été rayé de la carte.
L’expulsion de tant de villageois  - ex-citoyens du Mandat britannique que la résolution de partition des Nations unies venait de transformer en citoyens soit de l’Etat arabe prévu, soit de l’Etat juif -  est passée inaperçue à l’ONU. En dépit de l’événement spectaculaire qu’était le retrait britannique et de l’accord potentiel que représentait l’envoi par le monde arabe d’un corps expéditionnaire en Palestine, la dynamique du nettoyage ethnique s’est poursuivie sans interruption. Les dirigeants de l’Etat d’Israël fraîchement crée  - encore en gestation – et ses chefs militaires savait qu’ils avaient les forces suffisantes à leur disposition pour arrêter les unîtes arabes tout en continuant à nettoyer inlassablement le pays.
Il était évident aussi qu’au cours du mois suivant les capacités des forces juives allaient atteindre de nouveaux sommets : au début juin, les ordres envoyés aux troupes étaient encore plus ambitieux, tant par leur envergure géographique que par l’importance du quota de villages que chaque brigade avait désormais pour mission de prendre et de détruire. 
Le commandement général arabe, lui, perdait prise rapidement.  Les généraux égyptiens avaient fondé leurs espoirs sur leur aviation, mais les appareils qu’ils avaient envoyés pendant la seconde quinzaine de mai  - période cruciale – avaient échoue dans la plupart de leurs missions, sauf pour quelques raids sur Tel-Aviv. En juin, les forces aériennes d’Egypte et des autres pays arabes avaient d’autres préoccupations ailleurs, car leur mission principale était de protéger les régimes arabes et non de contribuer au sauvetage de territoires palestiniens.

Source ILAN PAPPE        Historien Israélien                            (FAYARD)






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