« LE NETOYAGE ETHNIQUE
DE LA PALESTINE » :
Le
conseil consultatif :
Le service de
renseignements de la Haganah a rédigé le plan d’ensemble pour les mois
suivants. Sous le nom de code de « plan D », il faisait directement
référence tant aux paramètres géographiques du futur État juif (les 78% convoités par
Ben Gourion) qu’à sort du million de Palestiniens qui vivaient dans cet
espace :
Ces opérations peuvent être exécutées de la façon
suivante : soit en détruisant les villages (en y mettant le feu, en les
faisant sauter et en posant des mines dans les décombres), notamment ceux qui
sont difficiles à contrôler de manière permanente ; soit en montant des
opérations de ratissage et de contrôle conformément aux directives
suivantes : encerclement des villages, recherches à l’intérieur. En cas de
résistance, les élément armés seront éliminés et la population expulsée ors des
frontières de l’État.
La population devait être
expulsée en totalité dans deux cas : quand le village était situé à un
endroit stratégique ou quand on s’attendait à rencontrer une résistance.
Lorsque les ordres on été donnés, on savait bien que l’occupation provoquerait
toujours une certaine résistance, donc qu’aucun village ne serait à l’abri,
soir en raison de son site, soit parce qu’il ne se laisserait occuper. C’était
un plan global d’expulsion de tous les villages de la Palestine rurale. Des
instructions semblables ont été données, à peu près dans les mêmes termes, pour
des actions visant les centres urbains.
Chaque commandant de brigade
a reçu une liste de villages ou quartiers voués à l’occupation, à la
destruction et à l’expulsion, avec des dates espécifiques. Certains se sont
montrés trop ambitieux, d’autres en revanche, la mission s’est révélée trop
étendue et n’a pu être accomplie dans délai imparti. C’est ainsi que plusieurs
villages du littoral qu’il avait été prévu d’occuper en mai n’ont été détruits
qu’en juillet. Et les villages de la région du Wadi Ara (vallée reliant la côte près de Hadera au Marj Ibn Amir –Emak Izrael- et
à Afoula –l’actuelle route 65- ont réussi à survivre à des attaques juives
répétées pendant toute la guerre. Mais c’était l’exception : la règle, ce sont les 351
villages et les 11 quartiers de grandes et petites villes qui ont été détruits
et dont les habitants ont été expulsées sous l’effet direct des ordres données
par le Conseil consultatif en mars 1948. À cette date, 30 villages avaient déjà
disparu.
Quelques jours après avoir
été dactylographié, le plan D a été distribué aux commandants des douze brigades
que comptait désormais la Haganah. La liste qu’a reçu chacun d’eux
s’accompagnait d’une description détaillée des villages de sa zone d’opération
et de la mention de leur sort imminent : occupation, destruction, expulsion. Les documents israéliens des
archives des FDI déclassifiés à la fin des années 1990 montrant clairement que,
contrairement aux assertions d’historiens comme Benny Morris, le plan Daleth à
été remis aux commandants de brigades sous la forme non de vagues lignes
directives, mais d’ordres opérationnels précis à exécuter.
Les dossiers de village :
Savourer l’excitation
d’attaquer un village palestinien ne suffisait pas : il fallait une
planification systématique. La suggestion vint d’un jeune historien à lunettes
de l’Université hébraïque, Bedn-Zion Luria, qui travaillait à l’époque au
service pédagogique de l’Agence juive. Il fit remarquer combien il serait utile
d’avoir un registre détaillé de tous le villages arabes, et proposa que la
réalisation de cet inventaire fût confiée au Fond national juif (FNJ).
« Cela aiderait beaucoup au rachat de la terre », écrivit-il à ce
dernier. Il n’aurait pas pu choisir un
correspondant plus réceptif : son initiative d’engager le FNJ dans le nettoyage
ethnique en perspective allait donner plus d’élan et d’ardeur aux futurs plans
d’expulsion.
Fondé en 1901, le FNJ était
l’outil principal des sionistes pour coloniser la Palestine. C’était par le
biais de cet organisme que le mouvement sioniste achetait des terres
palestiniennes, puis y installait des immigrants juifs. Crée par le Ve
congrès sioniste, il a été le fer de lance de la "sionisation" de la
Palestine pendant toute la période du Mandat. Il avait été d’emblée conçu pour
devenir l’ « administrateur », au nom du peuple juif, terres
acquises par les sionistes en Palestine. Le FNJ a conservé cette fonction après
la création de l’Etat d’Israël, d’autres missions s’étant, au fil du temps,
ajoutées à son rôle premier.
La plupart des activités du
FNJ pendant la période du Mandat et autour de la Nakba ont été étroitement
liées au nom de Yossef Weitz, le chef de son service "installation".
Weitz était la quintessence du colonialisme sioniste. Sa grande priorité à
l’époque était de faciliter l’éviction des métayers palestiniens quand il achetait
des terres à des propriétaires absents, qui vivaient loin de leurs domaines ou
même hors du pays, puisque le système des mandats avait tracé des frontières là
où il n’y en avait pas auparavant.
L’impact de ces activités à l’époque,
restait limité. A la fin du Mandat, en 1948, la communauté juive
possédait environs 5.8% du territoire de la Palestine. Mais
elle avait un gros appétit ; c’est pourquoi Weitz se fit lyrique quand il
entendit parler des dossiers de village, et suggéra immédiatement d’en faire un
« projet national ».
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