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Pepe Escobar est incontestablement un des plus éminents
journalistes opposées à la guerre. Il est brésilien et a vécu dans des divers
pays du monde, inclus aux Etats-Unis, France, Italie, Singapour, Thaïlande et
Hong Kong. Est publie régulièrement une rubrique au Asia Times Online,
intitulée The Roving Eye [L'œil itinérant] dans laquelle il écrit des
commentaires et articles sur le Moyen-Orient, l'Asie et sur la politique
extérieure des USA. A été interviewé par Russia Today, Press TV,
Al-Jazeera y The Real News Network.
Ces articles ont té diffusés dans des revues et sites
d'information sur le web, comme
Huffington Post, Tom Dispatch, The Nation, Voltaire Net,
Salon, Common Dreams, Information Clearing House y Antiwar.com. Son premier
ouvrage Globalisant: How the Globalized World is Dissolving into Liquid War,
publié en 2007 et le quatrième le sera bien tôt.
Pepe Escobar croit que les USA et ses associés européens
ont livré une guerre économique contre l'Iran en imposant des sanctions
dévastatrices qui affectent les citoyens iraniens lambda. Il fait remarquer aussi, que si l'Iran avait
commis la folie d'assassiner des scientifiques civils américains, comme l'ont
fait, par ailleurs, a cinq reprises les USA et Israël en Iran, cela aurait déclenché une guerre nucléaire
généralisé.
En ce qui concerne la controverse sur le programme
nucléaire de l'Iran, Pepe Escobar dit que l'Iran et l'Occident devraient
rencontrer une solution durable et honorable qui assure les droits essentiels
de l'Iran selon le Traité de Non Prolifération Nucléaire, (TNP) duquel l'Iran
est signataire, (contrairement à Israël)
et aussi apaiser les inquiétudes occidentales quant à la nature
pacifique des activités nucléaires de l'Iran.
Sur ce point, j'aimerais
apporter une remarque:
Qui pourrait
blâmer l'Iran de vouloir entrer dans le club des puissances nucléaires, vu que
l'Occident (possesseur de larme nucléaire) impose son hégémonie, sa force
militaire contre tout Etat qui s'oppose à la vision que l'Occident a du monde. (Y compris Israël, qui veut bombarder les installations
nucléaires iraniennes, sans mandant du Conseil de Sécurité !)
Afin d'approfondir la perspective des relations entre
l'Iran et l'Occident après l'impasse sur le programme nucléaire du pays,
l'impact des sanctions dirigées par les USA contre l'économie de l'Iran, les
prochaines négociations nucléaires entre l'Iran et les six puissances mondiales
en Kazajistán et la possibilité d'une réconciliation diplomatique entre l'Iran
et les USA après la nomination de John Kerry comme Secrétaire d'Etat US, j'ai
mené un entretien approfondi avec Pepe Escobar et lui a posé quelques questions
sur ces sujets. Mon ami et collègue Moisés Herrezuelo m'a aidé dans la
réalisation de l'entrevue. Ce qui suit est le texte in-extenso de l'entrevue :
- Kourosh Ziabari :
Cher Pepe, quel est votre point de vue sur la nomination
par le Président Obama de
John Kerry comme que Secrétaire d'Etat et Chuck Hagel comme
Secrétaire d'Etat à la Défense ? Se propose-t-il d'envoyer un signal pour
résoudre les questions difficiles de la politique étrangère américaine, en
particulier la controverse sur le programme nucléaire de l'Iran dans un
règlement pacifique et diplomatique ?
Soit dit en passant, John Kerry serait beaucoup plus
indulgent que Hillary Clinton, et l'on dit Hagel s'est opposé à une action
militaire et les sanctions économiques contre l'Iran avec une attitude moins
favorable à Israël. Qu'en pensez-vous ?
- Pepe Escobar:
Les déclarations autant de Hagel que de Kerry aux USA,
sont enveloppées dans un brouillard de mauvaise interprétation. Contrairement aux
habituelles déclarations sur le fauteuil-de-guerre de Washington, Hagel a vu la
réalité sur le terrain au Vietnam.
On peut se demander si les leçons, en termes de comment
l'impérialisme est vaincu sur le terrain, ont été assimilés. Mais au moins on a
appris à être prudent en termes de politique étrangère aventureuse.
Ces mêmes guerriers, bien installés dans leur fauteuil, disent
qu'ils s'opposaient à la escalade de Bush en Irak après avoir soutenu la
première guerre / invasion en 2003.
Ce n'est pas le cas, le fait est qu'ils ont compris que
l'escalade ne mène nulle part, en quelque sorte. En effet, elle n'a conduit à
rien si ce n'est au mythe, selon lequel le général David Petraeus a «gagné» la
guerre avec une flambée de bombes.
Hagel a également osé suggérer -discrètement- que le fait
que les États-Unis ont toujours suivi aveuglément les complots ourdis par
Israël, les tueries ajoutés aux faits truquées sur le terrain, n'a jamais aidé
à trouver un moyen pour sortir de l'occupation / nettoyage ethnique de la Palestine.
Dire quelque chose comme ça, c'est presque un anathème à Washington, bien que
de nombreux israéliens, vivant en Israël et non à Manhattan, connaissent et
partagent ce positionnement.
Il ya aussi une raison extrêmement mesquine, dans le
blocage de la nomination de Hagel par les républicains du Sénat : à l'élection
présidentielle de 2008 aux États-Unis le
soutien à l'abominable John McCain à été refusé. Non, ce ne sera jamais
expliqué aux Américains crédules par le Washington Post ou le New York Times.
Passons à Kerry. Il y a eu beaucoup à Washington au sujet
des commentaires du Guide Suprême sur les nouvelles négociations P5 +1. La
version officielle est que Khamenei ne veut pas n'importe quel accord.
Ils se trompent : Ce que le Guide Suprême a déclaré est
que Téhéran ne veut pas négocier sous la menace. Il a toujours souligné, que la
condition sine qua non pour n'importe quelle négociation est le respect mutuel,
de reconnaitre que la République Islamique est la représentante des intérêts
légitimes nationaux.
Lorsque l'on considère l'histoire en détail, Téhéran a de
nombreuses raisons de se méfier de Washington. Il suffit d'un exemple : après
que l'Iran a considérablement aidé en fournissant des renseignements et même de
véritables -djihadistes- aux Américains en Afghanistan fin 2001, la récompense pour
cet État (l'Iran) est qu'il a été décrit comme étant membre de l '«axe du mal».
Cette fois-ci, Kerry à été plus rusé. Il a déclaré que les
États-Unis sont "prêt à répondre" si la réunion au Kazakhstan "accouche"
d'un véritable engagement. Il n'a pas repris le disque rayé : "toutes les options sont sur la table".
Sa réponse a été écrite, pas une des sempiternelles citations, ce qui signifie
que cette fois c'est sérieux: la diplomatie, du moins en théorie, devrait
prévaloir.
Autrement dit Kerry: ". Ils [l'Iran] doivent prouver au monde que son [programme nucléaire] est
pacifique et nous sommes disposés à nous asseoir et à négocier la façon dont
ils peuvent raisonnablement le faire" C'est certainement mieux que ce
que j'ai appelé l'école de la diplomatie "tombe et meurt" qui a été appliqué dans les deux périodes de
la première administration Bush et Obama.
En Décembre, Kerry a déclaré à l'émir du Qatar que :
"les USA reconnaissent les ambitions et le leader-chip régional de l'Iran"
et veut un dialogue sur quel genre de puissance sera l'Iran, en particulier
après l'élection présidentielle iranienne.
Le président Obama a pris ses fonctions avec la promesse
qu'il aborderait avec l'Iran un dialogue sur un pied d'égalité et basée sur la
confiance et le respect mutuels. Mais même si certains progrès ont été réalisés
dans les négociations de la guerre Iran-P5 +1, l'impasse sur le programme
nucléaire iranien reste. Pourquoi Obama n'a pas tenu sa promesse et ne
parviennent pas à un compromis avec l'Iran? Pourquoi de nouvelles sanctions on
eu cours de la première année de son mandat ?
Dans le dernier article publié en décembre, j'ai énuméré
les principales raisons pour lesquelles Obama n'a pas tenu sa promesse : http://www.tomdispatch.com/post/175625/tomgram%3A_pepe_escobar%2C_obama_in_tehran/
Je suis aussi allé beaucoup plus loin en soulignant que la
vision globale, va bien au-delà du dossier nucléaire iranien. Elle implique non
seulement le droit de l'Iran à l'utilisation de l'énergie nucléaire civile,
mais aussi, ce que j'appelle "Pipelineistan", le complexe échiquier des
gazoducs à travers l'Eurasie ; les futures relatons de Washington avec la Chine
-un sérieux allié de l'Iran- tout comme le reste de l'Asie ; et qui dominera
les versions énergétiques, de transport et commerciales de l'antique Route de
la Soie pour Eurasie du siècle XXI ?
Il se peut que Obama plein de bonnes intentions au début
de 2009. Mais ce qui pourrait désirer essentiellement a été avorté par le lobby
pro-israélien AIPAC, qui est le membre le plus éloquent, avec le Congrès. Il y
avait aussi une très forte pression de la Maison des Saoud et de la France, (le
Roi Sarko, qui plus tard a reçu un coup de pied des électeurs français). Il y a
beaucoup d'autres raisons.
Le drame de l'élection de 2009 dans les rues de Téhéran,
n'a pas aidé, pour ne as dire une catastrophe, parce qu'il établit fermement à Washington
la impression que l'élection fut volée ; pourtant Obama ne pouvait justifier sa
diplomatie sous de tels prétextes.
Aussi, dès le début, quand on regarde à long terme, ce que
je détaille dans un chapitre inclus dans un prochain livre sur la politique
étrangère d'Obama, l'administration Obama a adopté une politique vraiment très
déroutante "double jeu", en combinant la diplomatie avec le renforcement
incessant des sanctions. Peu de temps après, il était évident que Obama n'a pas
eu le courage de défier le statu quo de Washington - qui, à toutes fins utiles,
a identifié la République islamique d'Iran comme étant un ennemi mortel.
- Kourosh Ziabari :
Un des motifs pour lesquels les dirigeants iraniens ne
peuvent pas avoir confiance dans les USA, c'est qu'il est sur que Washington fera
pression pour qu'il fasse plus de concessions politiques si l'Iran accepte de
cesser l'enrichissement de l'uranium à 20%.
Dans les trois dernières décennies les USA ont aidé
militairement et économiquement des groupes terroristes anti-iraniens comme MKO
et Jundallah à éffectuer des actes de sabotages, d'intimidation et l'assassinat
de citoyens iraniens, fonctionnaires
inclus des scientifiques civils. L'Iran s'est plaint également de l'assignation
de budgets important à des médias pour financer la propagande anti-iranienne,
destinés soi-disant à des ONG pour la démocratie. Pour autant, l'Iran a
probablement raison de suspecter la sincérité des USA au moment d'entrer en
pourparlers. Qu'en pensez-vous ?
- Pepe Escobar :
Examinons-le tel que le voit le monde. Le groupe BRICS, puissances
émergentes et la majorité absolue du Mouvement des non-alignés (MNA), il suffit
de regarder leur sommet de l'année dernière à Téhéran, ils sont tous d'accord pour
soutenir les droits nucléaires de l'Iran. Le Japon et la Corée du Sud sont
consommateurs d'énergie iranienne et soutiennent également un programme
nucléaire civil en vertu du TNP -quand l'Occident ne fait pas pression sur eux.
De l'autre coté il y a essentiellement les USA, le Canada
et Israël. Le cas de l'Union Européenne est purement du théâtre de l'absurde.
Spécialement les nations du "Club Med", les Etats de l'Europe du Sud
ont souffert des sanctions des USA/UE contre l'Iran.
Et pourtant, à chaque fois que nous parlons -officieusement-
à des experts à Bruxelles disent qu'ils veulent que l'Europe pourrait faire des
affaires et investir dans le secteur énergétique de l'Iran, parce que c'est le
moyen le plus rapide pour libérer l'Europe de la dépendance (redoutée) de
Gazprom.
Par-dessus tout, les grandes compagnies pétrolières
américaines sont également exclues du monde des affaires en Iran - une chose
très négative de leur point de vue. Et même, Hillary Clinton, dans un moment confidences,
a admis que les sanctions touchent principalement les civils iraniens, comme
dans le cas d'une pénurie de médicaments et de vivres.
- Kourosh Ziabari :
Aux États-Unis on supposait qu'en imposant des sanctions
économiques sévères contre l'Iran, pouvait inciter le peuple à se rebeller contre
le gouvernement et provoquer un soulèvement populaire ou un ressentiment
généralisé contre le gouvernement, alors que la réalité sur le terrain est que
les sanctions auront un effet contraire et contribuent à l'expansion du
sentiment anti-américain chez les Iraniens, qui les unit face à l'ennemi.
Qu'en pensez-vous ?
- Pepe Escobar :
C'est un autre cas du théâtre de l'absurde, que les hommes
(soi-disant) cultivés à Washington croient vraiment que Téhéran doit venir à la
table des négociations en vertu de ce qui, à toutes fins pratiques, est une
guerre économique, attaqué par la cyber-guerre et les opérations clandestines,
et sous la menace incessante de changement de régime. Tout iranien moyen bien
informé peut le voir, qu'il soit ou non d'accord avec les dirigeants de Téhéran.
Les populations en développement partout dans le monde le voient clairement. Si
nous limitons seulement au dossier nucléaire, il existe une solution
extrêmement simple : Washington reconnaît le droit de l'Iran à enrichir de
l'uranium à 20%. Après cela, un accord est un détail. Cependant ce n'est pas le
cas, parce que Washington, en l'état, Téhéran n'a pas le droit d'enrichir rien.
Tout observateur occidental averti, à l'abri de l'hystérie
du "lobby du bombardement", qui veut bombarder l'Iran à tout prix, serait
d'accord avec l'Ambassadeur Hossein Moussavian, ancien porte-parole de l'équipe
de négociation iranienne nucléaire de 2003 à 2005. Ce que je cite depuis
longtemps, parce que, techniquement, est
une solution solide, à épreuve d'idiots, du dossier nucléaire.
Encore une fois :
Pour apaiser les craintes occidentales sur les réserves à
20% de l'Iran, une solution mutuellement acceptable à long terme signifie une "réserve
zéro". Selon cette approche, un comité mixte de l'P5 +1 et l'Iran,
quantifieraient les besoins internes de l'Iran pour l'usage de l'uranium
enrichi à 20%, et quelque fusse la quantité au-delà de ce chiffre serait vendu
sur le marché international ou devrait se reconvertir à un niveau
d'enrichissement à 3.5%. Cela garantit que l'Iran ne possédera jamais un excès
d'uranium enrichi à 20% satisfaisant les préoccupations internationales qui craignent
que l'Iran veuille posséder des armes nucléaires.
Ce serait une solution qui permettrait de sauver les
apparences pour toutes les parties et reconnaître le droit de l'Iran à
l'enrichissement et aider à éliminer les arguments de ceux qui déclarent que
l'Iran cherche à obtenir des armes nucléaires. http://www.rebelion.org/noticia.php?id=154904
Il ya un autre aspect que je considère encore plus
importante : l'Iran n'utilise pas le pétrodollar pour le commerce de l'énergie.
Qu'il soit en yuans, roubles, l'or, le troc, il montre clairement le chemin. La
Chine, la Russie, même l'allié américain l'Inde, un certain nombre de pays en
développement seraient très heureux d'enterrer finalement le pétrodollar.
Saddam Hussein et Kadhafi ont tenté de le faire, vous avez vu ce qui leur est
arrivé. Mais l'Iran n'est pas un Irak désarmé,
ou une Libye désorganisé. Chris Cook a indiqué fortement la tendance de
l'avenir : une monnaie basée sur l'énergie. http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/OA19Ak01.html
- Kourosh Ziabari :
L'embargo de l'Union européenne sur le pétrole iranien,
a-t-il eu des effets sur l'économie européenne ? - Les médias occidentaux ont
largement gardé le silence sur les conséquences possibles des sanctions contre
l'Iran pour l'économie européenne, mais dans un de vos articles vous avez
mentionné l'an dernier, la hausse des prix du pétrole brut à la suite de cet embargo,
cependant les clients Asiatiques ont continué d'acheter le pétrole iranien,
malgré les pressions américaines. Quelle est la situation aujourd'hui ? L'Iran
peut-il continuer à gérer son économie sans les revenus du pétrole?
- Pepe Escobar :
Le blocus des ventes de pétrole de l'Iran par Washington
est en fait, un acte de guerre, ici, économique - une fois de plus les USA se
moquent du droit international. Mais même si cela est s'appliqué, ceci signifie
que les USA exercent une pression du type mafieux sur les clients énergétiques
de l'Iran, obligeant l'Arabie saoudite à inonder le marché et même avec 2
millions de barils de pétrole supplémentaires par jour, ne suffissent pas,
parce que certains pays se sont battus pour les exemptions et les échanges d'autres
ont continué de s'approvisionner en contournant le système financier dominé par
l'Occident.
Le Japon -qui fait toujours son possible pour exaucer tous
les souhaits de Washington- va certainement s'arranger avec l'Arabie Saoudite, pour
obtenir l'assurance que le Japon soit approvisionné en pétrole d'urgence pour
les 20 prochaines années. Dans ce cas, le Japon n'a pas besoin des importations
d'Iran. Mais le Japon n'est pas la norme en Asie. C'est vrai les sanctions ont
eu un effet, les exportations iraniennes ont baissé de 40% en 2012. Mais très
vite la courbe des exportations s'est inversée, parce que l'Iran a commencé à
mettre en œuvre des solutions très créatives - comme affréter des pétroliers sécurisées,
pour livrer le pétrole en Chine.
Il est possible que l'Iran for de cette expérience décide
d'établir son propre réseau de distribution, -l'autosuffisance est toujours une
bonne idée.
L'Inde pour sa part, paye en roupies le pétrole iranien. Le
résultat : peu importe, l'important est que Washington n'interfère pas dans les
besoins énergétiques de ces deux membres essentiels du BRICS. Du côté des
perdants, encore une fois, ne sont que les Européens.
- Kourosh Ziabari :
Le régime israélien, peut-il entraîner les États-Unis vers
une guerre avec l'Iran ?
L'administration Obama écoutera-t-elle Netanyahu et autres
faucons à Tel-Aviv cherchant à entrer en guerre avec l'Iran sur l'argument de
son programme nucléaire ?
Obama, a-t-il suffisamment de courage et de pouvoir pour
résister à la pression du lobby pro-israélien pour utiliser la diplomatie
plutôt qu'une confrontation militaire?
[Remarque : aujourd'hui,
hormis Israël, les pays les plus va-t-en-guerre sont les USA avec Bush et la
France avec Sarkozy et Hollande. Les USA sont soumis au très puissant lobby
juif, en France la communauté juive est la plus importante d'Europe. Leur
influence, dans un pays comme dans l'autre, est immensément grande et ces pays
sont incontestablement soumis à elle. Et je rappelle que Hollande a envahi le
Mali, tout juste quelques semaines après la visite de Netanyahu en France....]
- Pepe Escobar :
Le lobby juif pro-israélien et ce que l'on pourrait
appeler le parti de la guerre, en particulier les républicains, mais aussi
démocrates, la plupart des opérateurs à des postes clés dans le Pentagone, la
CIA, la sécurité du complexe militaro-industriel, les médias corporatistes (de Fox
News au Wall Street Journal et au Washington Post) - sont les protagonistes qui
veulent une guerre contre l'Iran.
On pouvait s'y attendre, le lobby juif pro-israélien a
lancé son artillerie contre Chuck Hagel -de
l'AIPAC à l'Institut de Washington pour la politique au Moyen-Orient (WINEP), où
se rencontrent les lobbyistes juifs Dennis Ross et Elliott Abrams, quoi de plus
étrange après tout, Hagel ne cherchait pas à placer les intérêts d'Israël par
rapport à ceux de Washington, comme cela a toujours été la norme.
[Remarque : C'est un
secret de polichinelle. Tout le monde sait que la politique étrangère au Proche
et Moyen-Orient des USA, (et plus largement là où les intérêts juifs sont
enjeu) ne se fait pas à Washington mais à Tel-Aviv..., la France, par tous les élus juifs ou pro-sionistes, suit la même voie
que l'Amérique, c'est-a-dire quelle
perd son indépendance intellectuelle, pour se soumettre à une idéologie qui
finit en isme, (nazisme, sionisme, islamisme, mondialisme, etc.)]
Sans l'imposer la mentalité du "Bombaread Iran" (Bombarder l'Iran) n'a pas disparu et continue
même Hagel et Kerry, et qui comprend les habituels articles insensés dans le
Wall Street Journal en notant, par exemple, que l'Iran est prêt à attaquer
l'Arabie Saoudite avec des armes nucléaires, articles routiniers ou a chaque
fois que le chef suprême, insiste sur le fait que les armes nucléaires doivent
être éliminées dans toute la région.
Il ya, bien sûr, les sources d'intélligence dans ce débat
-, mais elles sont minoritaires. Lire, par exemple, l'excellent livre de Flynt
et Hillary Leverett, Going to Tehran : http://goingtotehran.com/the-book
Ce sont des personnalités de Washington bien informées, qui
ont résidé en Iran et favorables à la diplomatie. (Trop souvent torpillé par
Israël)
- Kourosh Ziabari :
Que pensez-vous du parrainage américain pour des groupes
comme Jundallah, qui vise à créer des conflits sectaires en Iran, et MKO s'est
vanté ouvertement leur intention de parvenir à un changement de régime à
Téhéran ? Soutenus par les terroristes US et Israël et ont déjà tué quatre
scientifiques nucléaires iraniens, mais le chef de l'ONU et le Conseil de
sécurité n'ont soulevé aucune voix de protestation.
Comment analysez-vous ces événements ?
- Pepe Escobar :
La tactique de "Diviser pour Reigner" est
classiques, héritée de l'empire Britannique.
Jundallah est, ni plus ni moins, qu'un groupe, formé et
entrainé par la CIA. L'organisation d'une opération de l'autre côté de la
frontière dans le Sistan-Balouchistan, assassiner d'un policier et se retirer,
vous pouvez créer ainsi une nuisance pour Téhéran, mais c'est un détail.
Beaucoup plus dangereux
serait la capacité de la CIA à fomenter un conflit national massif entre
sunnites et chiites, actuellement la CIA n'a pas l'intelligence ou des contacts
nécessaires pour le faire.
MKO est une secte ridicule - discréditée depuis l'époque
de Saddam Hussein et avec absolument aucun soutien à l'intérieur de l'Iran, sa
capacité de mobilisation est négligeable.
Le fait que l'assassinat de scientifiques nucléaires
iraniens -que s'ils étaient réalisées
par l'Iran aux Etats-Unis ou en Israël, pourrait même provoquer une attaque
nucléaire occidentale- ne provoque aucune réaction du Conseil de sécurité de
l'ONU est une représentation graphique de leur incompétence et de manque de
pertinence cosmique, aussi absurde que le fait qu'Israël ne sera jamais
condamné pour leur pratiques de génocide au ralenti en Palestine.
- Kourosh Ziabari :
Une des raisons pour lesquelles on n'a pas trouvée de
solution à l'impasse nucléaire iranien, est peut être arsenal nucléaire
d'Israël. L'Iran s'est toujours plaint de l'utilisation de deux poids deux
mesures par Washington en ce qui concerne les installations nucléaires
souterraines d'Israël. (Désert du Néguev)
Peut-on imaginer que le différend ne puisse être résolu
que si Israël est désarmé et s'attacher à l'idée d'un Moyen-Orient exempt
d'armes nucléaires, idée que l'Iran a proposé au Mouvement des non-alignés ?
- Pepe Escobar :
C'est une extraordinaire utopie, l'idée qu'Israël renonce
un jour -dans un esprit d'apaisement, au secret de polichinelle («secret», non
déclaré) d'un arsenal de plusieurs centaines de têtes nucléaires, pointées sur
les capitales Arabes, mais aussi sur les capitales Européennes. C'est l'un des
secrets "sales", derrière la campagne hystérique d'Israël contre le
programme nucléaire iranien.
Si Téhéran, par hypothèse, décidait de parvenir à l'arme
nucléaire, abandonnant ce qui pourrait être décrit comme : une période de
latence, (et qu'ils auraient assez d'uranium enrichi pour fabriquer une l'arme,
même à court terme), l'avantage stratégique d'Israël seraient éliminés. Cesserait
d'être l'unique puissance militaire du Sud-est Asiatique (Le Moyen-Orient, est une
fois de plus, un concept stupide occidentalisé comme celui de l'
«Extrême-Orient»). Chaque acteur de l'Asie du Sud, à l'exception d'Israël, est
en faveur d'une région exempte d'armes nucléaires, y compris l'Arabie saoudite.
- Kourosh Ziabari :
Quel impact aura la crise en Syrie sur l'avenir des
relations Iran-Occident ? Pour sa part les États-Unis et ses alliés européens
ont explicitement déclaré qu'ils n'accepteront pas une solution à la crise en
Syrie sans le renversement du régime de Bachar Al-Assad, et d'autre part,
l'Iran a promis de faire tous les efforts possibles pour s'assurer que Bachar
Al-Assad ne quitte le pouvoir. Cette confrontation des hostilités sur le front syrien,
entrainera-t-il d'avantage d'hostilités entre l'Iran et l'Occident ?
- Pepe Escobar :
Contrairement aux prédictions d'un tsunami quasi
quotidiennes sur la chute du régime d'Assad, la terrible situation en Syrie a
atteint une impasse. L'OTAN ne peut pas exiger une zone d'exclusion aérienne
parce que la Russie et la Chine a tracé une ligne rouge au moins trois fois.
Par conséquent il n'y aura pas de Libye 2. Washington n'ose pas une nouvelle
guerre au Moyen-Orient. La Turquie, avec sa politique de "zéro problème
avec nos voisins" qui se convertit en "beaucoup de problèmes avec un
voisin» - a commencé à voir la question comme le bourbier qui est en réalité,
en fait, le Premier ministre Erdogan a récemment commencé à prendre ses
distances avec l'OTAN et UE, il envoie des messages de séduction en direction
de la Coopération de Shanghai (OCS), dirigé par la Chine et la Russie. La
soi-disant Armée syrienne libre, a été démasquée, guerre plus que des bandes de
voyous armés par la CIA. Washington -après Benghazi- finit par réveiller les
salafistes jihadistes qui pourraient être utiles pour combattre en Syrie. Ce
qui reste sont les agendas divergentes de l'Arabie saoudite et le Qatar,
l'Arabie saoudite a financé la ligne dure wahhabites et les Qataris tous les
alliés des Frères musulmans.
La nouvelle coalition de l'opposition -forgée par
Washington/Doha- est une plaisanterie, son chef, Moaz al Khatib annonce qu'ils
doivent parler avec régime, mais d'autres disent d'aucune façon, Assad doit partir
d'abord (ce qui a été le seul mantra). Cela signifie, malheureusement, une
longue guerre civile dans laquelle les véritables victimes sont des segments
importants de civils syriens - "Les souffrances du peuple syrien"
noyées dans habituelles larmes de crocodiles occidentales.
- Kourosh Ziabari (né en 1990) est un journaliste iranien,
correspondant de plusieurs médias et activiste pour la paix. A reçu les plus
prestigieuses récompenses de journaux de son pays. Ses articles sont publiés
dans de revues et pages Web comme le Teheran, Press TV, Global Research, Iran
Review, Counter Currents and Counter Punch, et sont traduites en dix langues. Son site web http://kouroshziabari.com
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