lundi 25 février 2013

Les USA mènent une guerre économique contre l'Iran



Countercurrents.org


Pepe Escobar est incontestablement un des plus éminents journalistes opposées à la guerre. Il est brésilien et a vécu dans des divers pays du monde, inclus aux Etats-Unis, France, Italie, Singapour, Thaïlande et Hong Kong. Est publie régulièrement une rubrique au Asia Times Online, intitulée The Roving Eye [L'œil itinérant] dans laquelle il écrit des commentaires et articles sur le Moyen-Orient, l'Asie et sur la politique extérieure des USA. A été interviewé par Russia Today, Press TV, Al-Jazeera y The Real News Network.
Ces articles ont té diffusés dans des revues et sites d'information sur le web, comme
Huffington Post, Tom Dispatch, The Nation, Voltaire Net, Salon, Common Dreams, Information Clearing House y Antiwar.com. Son premier ouvrage Globalisant: How the Globalized World is Dissolving into Liquid War, publié en 2007 et le quatrième le sera bien tôt.

Pepe Escobar croit que les USA et ses associés européens ont livré une guerre économique contre l'Iran en imposant des sanctions dévastatrices qui affectent les citoyens iraniens lambda.  Il fait remarquer aussi, que si l'Iran avait commis la folie d'assassiner des scientifiques civils américains, comme l'ont fait, par ailleurs, a cinq reprises les USA et Israël en Iran,  cela aurait déclenché une guerre nucléaire généralisé. 

En ce qui concerne la controverse sur le programme nucléaire de l'Iran, Pepe Escobar dit que l'Iran et l'Occident devraient rencontrer une solution durable et honorable qui assure les droits essentiels de l'Iran selon le Traité de Non Prolifération Nucléaire, (TNP) duquel l'Iran est signataire, (contrairement à Israël)  et aussi apaiser les inquiétudes occidentales quant à la nature pacifique des activités nucléaires de l'Iran.

Sur ce point, j'aimerais apporter une remarque:
Qui pourrait blâmer l'Iran de vouloir entrer dans le club des puissances nucléaires, vu que l'Occident (possesseur de larme nucléaire) impose son hégémonie, sa force militaire contre tout Etat qui s'oppose à la vision que l'Occident a du monde. (Y compris Israël, qui veut bombarder les installations nucléaires iraniennes, sans mandant du Conseil de Sécurité !)

Afin d'approfondir la perspective des relations entre l'Iran et l'Occident après l'impasse sur le programme nucléaire du pays, l'impact des sanctions dirigées par les USA contre l'économie de l'Iran, les prochaines négociations nucléaires entre l'Iran et les six puissances mondiales en Kazajistán et la possibilité d'une réconciliation diplomatique entre l'Iran et les USA après la nomination de John Kerry comme Secrétaire d'Etat US, j'ai mené un entretien approfondi avec Pepe Escobar et lui a posé quelques questions sur ces sujets. Mon ami et collègue Moisés Herrezuelo m'a aidé dans la réalisation de l'entrevue. Ce qui suit est le texte in-extenso de l'entrevue : 


- Kourosh Ziabari : 
Cher Pepe, quel est votre point de vue sur la nomination par le Président Obama de
John Kerry comme que Secrétaire d'Etat et Chuck Hagel comme Secrétaire d'Etat à la Défense ? Se propose-t-il d'envoyer un signal pour résoudre les questions difficiles de la politique étrangère américaine, en particulier la controverse sur le programme nucléaire de l'Iran dans un règlement pacifique et diplomatique ?
Soit dit en passant, John Kerry serait beaucoup plus indulgent que Hillary Clinton, et l'on dit Hagel s'est opposé à une action militaire et les sanctions économiques contre l'Iran avec une attitude moins favorable à Israël. Qu'en pensez-vous ?

- Pepe Escobar:
Les déclarations autant de Hagel que de Kerry aux USA, sont enveloppées dans un brouillard de mauvaise interprétation. Contrairement aux habituelles déclarations sur le fauteuil-de-guerre de Washington, Hagel a vu la réalité sur le terrain au Vietnam.
On peut se demander si les leçons, en termes de comment l'impérialisme est vaincu sur le terrain, ont été assimilés. Mais au moins on a appris à être prudent en termes de politique étrangère aventureuse.

Ces mêmes guerriers, bien installés dans leur fauteuil, disent qu'ils s'opposaient à la escalade de Bush en Irak après avoir soutenu la première guerre / invasion en 2003.
Ce n'est pas le cas, le fait est qu'ils ont compris que l'escalade ne mène nulle part, en quelque sorte. En effet, elle n'a conduit à rien si ce n'est au mythe, selon lequel le général David Petraeus a «gagné» la guerre avec une flambée de bombes.
 
Hagel a également osé suggérer -discrètement- que le fait que les États-Unis ont toujours suivi aveuglément les complots ourdis par Israël, les tueries ajoutés aux faits truquées sur le terrain, n'a jamais aidé à trouver un moyen pour sortir de l'occupation / nettoyage ethnique de la Palestine. Dire quelque chose comme ça, c'est presque un anathème à Washington, bien que de nombreux israéliens, vivant en Israël et non à Manhattan, connaissent et partagent ce positionnement.
Il ya aussi une raison extrêmement mesquine, dans le blocage de la nomination de Hagel par les républicains du Sénat : à l'élection présidentielle de 2008 aux États-Unis le  soutien à l'abominable John McCain à été refusé. Non, ce ne sera jamais expliqué aux Américains crédules par le Washington Post ou le New York Times.
Passons à Kerry. Il y a eu beaucoup à Washington au sujet des commentaires du Guide Suprême sur les nouvelles négociations P5 +1. La version officielle est que Khamenei ne veut pas n'importe quel accord.
Ils se trompent : Ce que le Guide Suprême a déclaré est que Téhéran ne veut pas négocier sous la menace. Il a toujours souligné, que la condition sine qua non pour n'importe quelle négociation est le respect mutuel, de reconnaitre que la République Islamique est la représentante des intérêts légitimes nationaux.  
Lorsque l'on considère l'histoire en détail, Téhéran a de nombreuses raisons de se méfier de Washington. Il suffit d'un exemple : après que l'Iran a considérablement aidé en fournissant des renseignements et même de véritables -djihadistes- aux Américains en Afghanistan fin 2001, la récompense pour cet État (l'Iran) est qu'il a été décrit comme étant membre de l '«axe du mal».

Cette fois-ci, Kerry à été plus rusé. Il a déclaré que les États-Unis sont "prêt à répondre" si la réunion au Kazakhstan "accouche" d'un véritable engagement. Il n'a pas repris le disque rayé : "toutes les options sont sur la table". Sa réponse a été écrite, pas une des sempiternelles citations, ce qui signifie que cette fois c'est sérieux: la diplomatie, du moins en théorie, devrait prévaloir.
Autrement dit Kerry: ". Ils [l'Iran] doivent prouver au monde que son [programme nucléaire] est pacifique et nous sommes disposés à nous asseoir et à négocier la façon dont ils peuvent raisonnablement le faire" C'est certainement mieux que ce que j'ai appelé l'école de la diplomatie "tombe et meurt" qui a été appliqué dans les deux périodes de la première administration Bush et Obama.

En Décembre, Kerry a déclaré à l'émir du Qatar que : "les USA reconnaissent les ambitions et le leader-chip régional de l'Iran" et veut un dialogue sur quel genre de puissance sera l'Iran, en particulier après l'élection présidentielle iranienne.

Le président Obama a pris ses fonctions avec la promesse qu'il aborderait avec l'Iran un dialogue sur un pied d'égalité et basée sur la confiance et le respect mutuels. Mais même si certains progrès ont été réalisés dans les négociations de la guerre Iran-P5 +1, l'impasse sur le programme nucléaire iranien reste. Pourquoi Obama n'a pas tenu sa promesse et ne parviennent pas à un compromis avec l'Iran? Pourquoi de nouvelles sanctions on eu cours de la première année de son mandat ?

Dans le dernier article publié en décembre, j'ai énuméré les principales raisons pour lesquelles Obama n'a pas tenu sa promesse : http://www.tomdispatch.com/post/175625/tomgram%3A_pepe_escobar%2C_obama_in_tehran/

Je suis aussi allé beaucoup plus loin en soulignant que la vision globale, va bien au-delà du dossier nucléaire iranien. Elle implique non seulement le droit de l'Iran à l'utilisation de l'énergie nucléaire civile, mais aussi, ce que j'appelle "Pipelineistan", le complexe échiquier des gazoducs à travers l'Eurasie ; les futures relatons de Washington avec la Chine -un sérieux allié de l'Iran- tout comme le reste de l'Asie ; et qui dominera les versions énergétiques, de transport et commerciales de l'antique Route de la Soie pour Eurasie du siècle XXI ? 


 Il se peut que Obama plein de bonnes intentions au début de 2009. Mais ce qui pourrait désirer essentiellement a été avorté par le lobby pro-israélien AIPAC, qui est le membre le plus éloquent, avec le Congrès. Il y avait aussi une très forte pression de la Maison des Saoud et de la France, (le Roi Sarko, qui plus tard a reçu un coup de pied des électeurs français). Il y a beaucoup d'autres raisons.
Le drame de l'élection de 2009 dans les rues de Téhéran, n'a pas aidé, pour ne as dire une catastrophe, parce qu'il établit fermement à Washington la impression que l'élection fut volée ; pourtant Obama ne pouvait justifier sa diplomatie sous de tels prétextes.
Aussi, dès le début, quand on regarde à long terme, ce que je détaille dans un chapitre inclus dans un prochain livre sur la politique étrangère d'Obama, l'administration Obama a adopté une politique vraiment très déroutante "double jeu", en combinant la diplomatie avec le renforcement incessant des sanctions. Peu de temps après, il était évident que Obama n'a pas eu le courage de défier le statu quo de Washington - qui, à toutes fins utiles, a identifié la République islamique d'Iran comme étant un ennemi mortel.

- Kourosh Ziabari :
Un des motifs pour lesquels les dirigeants iraniens ne peuvent pas avoir confiance dans les USA, c'est qu'il est sur que Washington fera pression pour qu'il fasse plus de concessions politiques si l'Iran accepte de cesser l'enrichissement de l'uranium à 20%.
Dans les trois dernières décennies les USA ont aidé militairement et économiquement des groupes terroristes anti-iraniens comme MKO et Jundallah à éffectuer des actes de sabotages, d'intimidation et l'assassinat de citoyens iraniens, fonctionnaires  inclus des scientifiques civils. L'Iran s'est plaint également de l'assignation de budgets important à des médias pour financer la propagande anti-iranienne, destinés soi-disant à des ONG pour la démocratie. Pour autant, l'Iran a probablement raison de suspecter la sincérité des USA au moment d'entrer en pourparlers. Qu'en pensez-vous ?



- Pepe Escobar :
Examinons-le tel que le voit le monde. Le groupe BRICS, puissances émergentes et la majorité absolue du Mouvement des non-alignés (MNA), il suffit de regarder leur sommet de l'année dernière à Téhéran, ils sont tous d'accord pour soutenir les droits nucléaires de l'Iran. Le Japon et la Corée du Sud sont consommateurs d'énergie iranienne et soutiennent également un programme nucléaire civil en vertu du TNP -quand l'Occident ne fait pas pression sur eux.
De l'autre coté il y a essentiellement les USA, le Canada et Israël. Le cas de l'Union Européenne est purement du théâtre de l'absurde. Spécialement les nations du "Club Med", les Etats de l'Europe du Sud ont souffert des sanctions des USA/UE contre l'Iran.
Et pourtant, à chaque fois que nous parlons -officieusement- à des experts à Bruxelles disent qu'ils veulent que l'Europe pourrait faire des affaires et investir dans le secteur énergétique de l'Iran, parce que c'est le moyen le plus rapide pour libérer l'Europe de la dépendance (redoutée) de Gazprom.
Par-dessus tout, les grandes compagnies pétrolières américaines sont également exclues du monde des affaires en Iran - une chose très négative de leur point de vue. Et même, Hillary Clinton, dans un moment confidences, a admis que les sanctions touchent principalement les civils iraniens, comme dans le cas d'une pénurie de médicaments et de vivres.  

- Kourosh Ziabari :
Aux États-Unis on supposait qu'en imposant des sanctions économiques sévères contre l'Iran, pouvait inciter le peuple à se rebeller contre le gouvernement et provoquer un soulèvement populaire ou un ressentiment généralisé contre le gouvernement, alors que la réalité sur le terrain est que les sanctions auront un effet contraire et contribuent à l'expansion du sentiment anti-américain chez les Iraniens, qui les unit face à l'ennemi.
Qu'en pensez-vous ?

- Pepe Escobar :
C'est un autre cas du théâtre de l'absurde, que les hommes (soi-disant) cultivés à Washington croient vraiment que Téhéran doit venir à la table des négociations en vertu de ce qui, à toutes fins pratiques, est une guerre économique, attaqué par la cyber-guerre et les opérations clandestines, et sous la menace incessante de changement de régime. Tout iranien moyen bien informé peut le voir, qu'il soit ou non d'accord avec les dirigeants de Téhéran. Les populations en développement partout dans le monde le voient clairement. Si nous limitons seulement au dossier nucléaire, il existe une solution extrêmement simple : Washington reconnaît le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium à 20%. Après cela, un accord est un détail. Cependant ce n'est pas le cas, parce que Washington, en l'état, Téhéran n'a pas le droit d'enrichir rien.


Tout observateur occidental averti, à l'abri de l'hystérie du "lobby du bombardement", qui veut bombarder l'Iran à tout prix, serait d'accord avec l'Ambassadeur Hossein Moussavian, ancien porte-parole de l'équipe de négociation iranienne nucléaire de 2003 à 2005. Ce que je cite depuis longtemps,  parce que, techniquement, est une solution solide, à épreuve d'idiots, du dossier nucléaire.
Encore une fois :
Pour apaiser les craintes occidentales sur les réserves à 20% de l'Iran, une solution mutuellement acceptable à long terme signifie une "réserve zéro". Selon cette approche, un comité mixte de l'P5 +1 et l'Iran, quantifieraient les besoins internes de l'Iran pour l'usage de l'uranium enrichi à 20%, et quelque fusse la quantité au-delà de ce chiffre serait vendu sur le marché international ou devrait se reconvertir à un niveau d'enrichissement à 3.5%. Cela garantit que l'Iran ne possédera jamais un excès d'uranium enrichi à 20% satisfaisant les préoccupations internationales qui craignent que l'Iran veuille posséder des armes nucléaires.
Ce serait une solution qui permettrait de sauver les apparences pour toutes les parties et reconnaître le droit de l'Iran à l'enrichissement et aider à éliminer les arguments de ceux qui déclarent que l'Iran cherche à obtenir des armes nucléaires. http://www.rebelion.org/noticia.php?id=154904

Il ya un autre aspect que je considère encore plus importante : l'Iran n'utilise pas le pétrodollar pour le commerce de l'énergie. Qu'il soit en yuans, roubles, l'or, le troc, il montre clairement le chemin. La Chine, la Russie, même l'allié américain l'Inde, un certain nombre de pays en développement seraient très heureux d'enterrer finalement le pétrodollar. Saddam Hussein et Kadhafi ont tenté de le faire, vous avez vu ce qui leur est arrivé. Mais l'Iran n'est pas un  Irak désarmé, ou une Libye désorganisé. Chris Cook a indiqué fortement la tendance de l'avenir : une monnaie basée sur l'énergie. http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/OA19Ak01.html


- Kourosh Ziabari :
L'embargo de l'Union européenne sur le pétrole iranien, a-t-il eu des effets sur l'économie européenne ? - Les médias occidentaux ont largement gardé le silence sur les conséquences possibles des sanctions contre l'Iran pour l'économie européenne, mais dans un de vos articles vous avez mentionné l'an dernier, la hausse des prix du pétrole brut à la suite de cet embargo, cependant les clients Asiatiques ont continué d'acheter le pétrole iranien, malgré les pressions américaines. Quelle est la situation aujourd'hui ? L'Iran peut-il continuer à gérer son économie sans les revenus du pétrole?

- Pepe Escobar :
Le blocus des ventes de pétrole de l'Iran par Washington est en fait, un acte de guerre, ici, économique - une fois de plus les USA se moquent du droit international. Mais même si cela est s'appliqué, ceci signifie que les USA exercent une pression du type mafieux sur les clients énergétiques de l'Iran, obligeant l'Arabie saoudite à inonder le marché et même avec 2 millions de barils de pétrole supplémentaires par jour, ne suffissent pas, parce que certains pays se sont battus pour les exemptions et les échanges d'autres ont continué de s'approvisionner en contournant le système financier dominé par l'Occident.

Le Japon -qui fait toujours son possible pour exaucer tous les souhaits de Washington- va certainement s'arranger avec l'Arabie Saoudite, pour obtenir l'assurance que le Japon soit approvisionné en pétrole d'urgence pour les 20 prochaines années. Dans ce cas, le Japon n'a pas besoin des importations d'Iran. Mais le Japon n'est pas la norme en Asie. C'est vrai les sanctions ont eu un effet, les exportations iraniennes ont baissé de 40% en 2012. Mais très vite la courbe des exportations s'est inversée, parce que l'Iran a commencé à mettre en œuvre des solutions très créatives - comme affréter des pétroliers sécurisées, pour livrer le pétrole en Chine.
Il est possible que l'Iran for de cette expérience décide d'établir son propre réseau de distribution, -l'autosuffisance est toujours une bonne idée.

L'Inde pour sa part, paye en roupies le pétrole iranien. Le résultat : peu importe, l'important est que Washington n'interfère pas dans les besoins énergétiques de ces deux membres essentiels du BRICS. Du côté des perdants, encore une fois, ne sont que les Européens.

- Kourosh Ziabari :
Le régime israélien, peut-il entraîner les États-Unis vers une guerre avec l'Iran ?
L'administration Obama écoutera-t-elle Netanyahu et autres faucons à Tel-Aviv cherchant à entrer en guerre avec l'Iran sur l'argument de son programme nucléaire ?
Obama, a-t-il suffisamment de courage et de pouvoir pour résister à la pression du lobby pro-israélien pour utiliser la diplomatie plutôt qu'une confrontation militaire?
[Remarque : aujourd'hui, hormis Israël, les pays les plus va-t-en-guerre sont les USA avec Bush et la France avec Sarkozy et Hollande. Les USA sont soumis au très puissant lobby juif, en France la communauté juive est la plus importante d'Europe. Leur influence, dans un pays comme dans l'autre, est immensément grande et ces pays sont incontestablement soumis à elle. Et je rappelle que Hollande a envahi le Mali, tout juste quelques semaines après la visite de Netanyahu en France....] 

- Pepe Escobar :
Le lobby juif pro-israélien et ce que l'on pourrait appeler le parti de la guerre, en particulier les républicains, mais aussi démocrates, la plupart des opérateurs à des postes clés dans le Pentagone, la CIA, la sécurité du complexe militaro-industriel, les médias corporatistes (de Fox News au Wall Street Journal et au Washington Post) - sont les protagonistes qui veulent une guerre contre l'Iran.

On pouvait s'y attendre, le lobby juif pro-israélien a lancé son artillerie contre Chuck Hagel  -de l'AIPAC à l'Institut de Washington pour la politique au Moyen-Orient (WINEP), où se rencontrent les lobbyistes juifs Dennis Ross et Elliott Abrams, quoi de plus étrange après tout, Hagel ne cherchait pas à placer les intérêts d'Israël par rapport à ceux de Washington, comme cela a toujours été la norme.
[Remarque : C'est un secret de polichinelle. Tout le monde sait que la politique étrangère au Proche et Moyen-Orient des USA, (et plus largement là où les intérêts juifs sont enjeu) ne se fait pas à Washington mais à Tel-Aviv..., la France, par tous les élus juifs ou pro-sionistes, suit la même voie que l'Amérique, c'est-a-dire quelle perd son indépendance intellectuelle, pour se soumettre à une idéologie qui finit en isme, (nazisme, sionisme, islamisme, mondialisme, etc.)]   
Sans l'imposer la mentalité du "Bombaread Iran" (Bombarder l'Iran) n'a pas disparu et continue même Hagel et Kerry, et qui comprend les habituels articles insensés dans le Wall Street Journal en notant, par exemple, que l'Iran est prêt à attaquer l'Arabie Saoudite avec des armes nucléaires, articles routiniers ou a chaque fois que le chef suprême, insiste sur le fait que les armes nucléaires doivent être éliminées dans toute la région.
Il ya, bien sûr, les sources d'intélligence dans ce débat -, mais elles sont minoritaires. Lire, par exemple, l'excellent livre de Flynt et Hillary Leverett, Going to Tehran : http://goingtotehran.com/the-book
Ce sont des personnalités de Washington bien informées, qui ont résidé en Iran et favorables à la diplomatie. (Trop souvent torpillé par Israël)  

- Kourosh Ziabari :
Que pensez-vous du parrainage américain pour des groupes comme Jundallah, qui vise à créer des conflits sectaires en Iran, et MKO s'est vanté ouvertement leur intention de parvenir à un changement de régime à Téhéran ? Soutenus par les terroristes US et Israël et ont déjà tué quatre scientifiques nucléaires iraniens, mais le chef de l'ONU et le Conseil de sécurité n'ont soulevé aucune voix de protestation.
Comment analysez-vous ces événements ?

- Pepe Escobar :
La tactique de "Diviser pour Reigner" est classiques, héritée de l'empire Britannique.
Jundallah est, ni plus ni moins, qu'un groupe, formé et entrainé par la CIA. L'organisation d'une opération de l'autre côté de la frontière dans le Sistan-Balouchistan, assassiner d'un policier et se retirer, vous pouvez créer ainsi une nuisance pour Téhéran, mais c'est un détail. Beaucoup plus dangereux serait la capacité de la CIA à fomenter un conflit national massif entre sunnites et chiites, actuellement la CIA n'a pas l'intelligence ou des contacts nécessaires pour le faire.
MKO est une secte ridicule - discréditée depuis l'époque de Saddam Hussein et avec absolument aucun soutien à l'intérieur de l'Iran, sa capacité de mobilisation est négligeable.
Le fait que l'assassinat de scientifiques nucléaires iraniens  -que s'ils étaient réalisées par l'Iran aux Etats-Unis ou en Israël, pourrait même provoquer une attaque nucléaire occidentale- ne provoque aucune réaction du Conseil de sécurité de l'ONU est une représentation graphique de leur incompétence et de manque de pertinence cosmique, aussi absurde que le fait qu'Israël ne sera jamais condamné pour leur pratiques de génocide au ralenti en Palestine.


- Kourosh Ziabari :
Une des raisons pour lesquelles on n'a pas trouvée de solution à l'impasse nucléaire iranien, est peut être arsenal nucléaire d'Israël. L'Iran s'est toujours plaint de l'utilisation de deux poids deux mesures par Washington en ce qui concerne les installations nucléaires souterraines d'Israël. (Désert du Néguev)
Peut-on imaginer que le différend ne puisse être résolu que si Israël est désarmé et s'attacher à l'idée d'un Moyen-Orient exempt d'armes nucléaires, idée que l'Iran a proposé au Mouvement des non-alignés ?

- Pepe Escobar :
C'est une extraordinaire utopie, l'idée qu'Israël renonce un jour -dans un esprit d'apaisement, au secret de polichinelle («secret», non déclaré) d'un arsenal de plusieurs centaines de têtes nucléaires, pointées sur les capitales Arabes, mais aussi sur les capitales Européennes. C'est l'un des secrets "sales", derrière la campagne hystérique d'Israël contre le programme nucléaire iranien.
Si Téhéran, par hypothèse, décidait de parvenir à l'arme nucléaire, abandonnant ce qui pourrait être décrit comme : une période de latence, (et qu'ils auraient assez d'uranium enrichi pour fabriquer une l'arme, même à court terme), l'avantage stratégique d'Israël seraient éliminés. Cesserait d'être l'unique puissance militaire du Sud-est Asiatique (Le Moyen-Orient, est une fois de plus, un concept stupide occidentalisé comme celui de l' «Extrême-Orient»). Chaque acteur de l'Asie du Sud, à l'exception d'Israël, est en faveur d'une région exempte d'armes nucléaires, y compris l'Arabie saoudite.

- Kourosh Ziabari :

Quel impact aura la crise en Syrie sur l'avenir des relations Iran-Occident ? Pour sa part les États-Unis et ses alliés européens ont explicitement déclaré qu'ils n'accepteront pas une solution à la crise en Syrie sans le renversement du régime de Bachar Al-Assad, et d'autre part, l'Iran a promis de faire tous les efforts possibles pour s'assurer que Bachar Al-Assad ne quitte le pouvoir. Cette confrontation des hostilités sur le front syrien, entrainera-t-il d'avantage d'hostilités entre l'Iran et l'Occident ?

- Pepe Escobar :

Contrairement aux prédictions d'un tsunami quasi quotidiennes sur la chute du régime d'Assad, la terrible situation en Syrie a atteint une impasse. L'OTAN ne peut pas exiger une zone d'exclusion aérienne parce que la Russie et la Chine a tracé une ligne rouge au moins trois fois. Par conséquent il n'y aura pas de Libye 2. Washington n'ose pas une nouvelle guerre au Moyen-Orient. La Turquie, avec sa politique de "zéro problème avec nos voisins" qui se convertit en "beaucoup de problèmes avec un voisin» - a commencé à voir la question comme le bourbier qui est en réalité, en fait, le Premier ministre Erdogan a récemment commencé à prendre ses distances avec l'OTAN et UE, il envoie des messages de séduction en direction de la Coopération de Shanghai (OCS), dirigé par la Chine et la Russie. La soi-disant Armée syrienne libre, a été démasquée, guerre plus que des bandes de voyous armés par la CIA. Washington -après Benghazi- finit par réveiller les salafistes jihadistes qui pourraient être utiles pour combattre en Syrie. Ce qui reste sont les agendas divergentes de l'Arabie saoudite et le Qatar, l'Arabie saoudite a financé la ligne dure wahhabites et les Qataris tous les alliés des Frères musulmans.

La nouvelle coalition de l'opposition -forgée par Washington/Doha- est une plaisanterie, son chef, Moaz al Khatib annonce qu'ils doivent parler avec régime, mais d'autres disent d'aucune façon, Assad doit partir d'abord (ce qui a été le seul mantra). Cela signifie, malheureusement, une longue guerre civile dans laquelle les véritables victimes sont des segments importants de civils syriens - "Les souffrances du peuple syrien" noyées dans habituelles larmes de crocodiles occidentales.






- Kourosh Ziabari (né en 1990) est un journaliste iranien, correspondant de plusieurs médias et activiste pour la paix. A reçu les plus prestigieuses récompenses de journaux de son pays. Ses articles sont publiés dans de revues et pages Web comme le Teheran, Press TV, Global Research, Iran Review, Counter Currents and Counter Punch, et sont  traduites en dix langues. Son site web http://kouroshziabari.com

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