Jouant avec le feu en Égypte (2)
Les raisons de l'opposition à Mursi devant le coup d’État
consommé
Que les gouvernements occidentaux, principalement les USA et ses
valets, s'appuient sur les oppositions intrinsèques à chaque gouvernement, pour
déstabiliser les États qui ont une vision différente du monde, cela nous le
savions.
Ce que nous supposions, ce que de plus en plus de personnes
redoutent réside d'avantage dans la prévarication de la plus part des médias,
des journalistes. Ces hommes qui prétendent informer le citoyen et qui dans les
faits l'induisent en erreur ou le trompent en toute conscience. Le cas qu'expose
Javier Barreda fait éclater au grand jour les manipulations que les médias
occidentaux exercent sur les populations.
Ne pensez pas que ces médias sont assujettis aux gouvernements, leur
manque de courage, leur poltronnerie à ce point encrée en eux, leur volonté de
préserver à, tous-prix, leur carrière est la volonté, consciente ou
inconsciente, de ne pas déplaire, de ne pas contrarier les intérêts de la nébuleuse. C'est rédhibitoire,
c'est un suicide professionnel.
Il
nous faut, donc, des journalistes de légende qui avec courage s'opposeront à
cette nébuleuse qui pour sauvegarder ses privilèges, réels ou mythiques,
n'hésitera à nous rendre à la condition d'esclave.
04-07-2013
Dans la première partie de ce texte, publié hier dans ces
pages (Jouant avec le feu
en Egypte (1). La conspiration), nous voulions avancer l'idée, avant
d'entrer dans les motifs de l'opposition au président Mursi, que les actuelles
manifestations ont été précédées par une campagne de diabolisation de sa
personne et des Frères musulmans, je n'ai pas douté, malgré les accusations
prévisibles de paranoïa, de les qualifier comme faisant partie d'une
conspiration. A aucun moment j'ai nié l'ampleur du mouvement d'opposition à
Mursi, ni de bonnes raisons qu'il pouvait y avoir, aspects qui je pensais
m'étendre sur ces lignes. Toutefois, compte tenu des événements de ces quinze
dernières heures, il est nécessaire d'insister sur la théorie de la
conspiration et de la désinformation, puisqu'elle conditionne analyse de
manière décisive.
Dans son discours d'hier soir, Juillet 2, Mursi a annoncé
son refus de céder le pouvoir, et son attachement à la légalité et la
légitimité (en arabe le même mot est utilisé pour les deux), sur la base que celles-ci
étaient les seules qui supposaient une garantie pour tous les Egyptiens. Son
discours a été parsemé d'allusions à la violence et effusion de sang qu'il
fallait éviter à tout prix. J'ai rassemblé à partir de ses paroles qui, puisque
ses partisans n'allaient pas abandonner leur propre mobilisation, feraient l'objet
de violences, et laissé sous-entendre, que ces violences auraient lieu, qu'ils
résistent ou non. Cependant, les commentateurs de la télévision publique ont fait
remarquer immédiatement après, le discours Mursi, et pris pour acquis que le
président a menacé les citoyens avec violence, des opposants ont fait de même
et l'ont déclaré postérieurement sur la Chaine Al-Jazeera. Peu de temps après
que le chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), Abdel Fattah al-Sisi, déclarait
sur Facebook, brièvement, "qu'il est
plus honorable de mourir que [de permettre] que le peuple égyptien sont terrorisé
et menacé. Nous jurons à Dieu de vous offrir notre sang contre tout terroriste,
extrémiste ou ignorant".
Les faits sur le terrain indiquent, cependant, que, en
général, et comme nous l'avons souligné dans notre précédent article, que ceux
qui ont été violemment attaqués ces derniers jours ont été des partisans de
Mursi. Peu après le discours de Mursi, le correspondant de la chaine Al-Jazeera
détaché dans la manifestation des partisans de Mursi rassemblés devant
l'Université du Caire, a rapporté que des hommes armés de provenance inconnue avaient
tiré sur les masses. Le bilan de l'attentat, 16 morts, est aujourd'hui dans
tous les médias. Cependant la désinformation était filtrait et, nous ne doutons
pas, quelle le fut involontairement, dans les manchettes internationales: en
eux aujourd'hui, le 3 Juillet, à 10h, El País a noté qu'il y avait eu 16 tués
dans des affrontements entre l'armée et les partisans des Frères musulmans, bien
que l'information publié à 09h02 était correcte. D'autre part, dans l'information
sur le réseau Al-Jazeera sur internet,
ont été cités les déclarations du ministre de l'Intérieur dans le sens où,
après s'être interposée dans les affrontements, les forces de sécurité avaient
tenté de convaincre les islamistes de dissoudre la manifestation pour éviter
que se reproduisent... et par la même, laisser les rues aux seuls adversaires
Mursi. Ainsi la tactique simple et grossière que suivent certains des
promoteurs de la campagne anti-Mursi, consiste, apporter la violence là où sont
les Frères musulmans et ses partisans, et dire que la violence découle d'eux,
servant ainsi la grande falsification qui se produit ces jours-ci et que
transmet chaque fois plus ouvertement, le CSFA, "le peuple égyptien" sont
les opposants a Mursi.
Depuis le début des manifestations, l'argument selon
lequel «le peuple» veut Mursi quitte le pouvoir a été le mantra répété par la
campagne médiatique, et assumé par le SCAF (Conseil suprême des
forces armées), parce
qu'il est le seul argument légitime qui peut être mis en avant tenter de
justifier la mise à l'écart du Président sous la contrainte. Toutes les
insuffisances et les caractéristiques de l'autoritarisme (très nuancée) qui a pu
montrer Mursi, ne justifie en aucune façon ce qui peut peut-être appelé: un
coup d’État, tel que l'ont signalé des honorables experts sur le sujet, comme: Alain
Gresh y Robert
Fisk. Et c'est là où s'est produit un saut qualitatif qui surprend qui
n'ont prévu les rares forces d'opposition honorables et millions de citoyens
honnêtes et conscients. Un examen rapide des actions qui dénigrent Mursi et son
parti permettra aux lecteurs de juger par eux-mêmes.
La composition monolithique des gouvernements Mursi,
prétendument dominés par les Frères musulmans, fut le premier argument avancé
pour le disqualifier. Toutefois, comme l'on reconnu les impliqués, ou personnes
proches, Mursi offrit
le poste de Premier ministre à Ayman Nour président du parti Gad Al-Thawra, le
vice-présidence de la République à Sibahi Hamdin président du Parti nassérien,
adversaire à la présidentielle de Mursi et du conseiller présidentiel Ahmad
Maher, chef du Mouvement du 6 Avril. Tous ont décliné l'offre. Un an plus tard,
le Premier ministre, Hisham Qandil, qui n'est pas membre des Frères musulmans,
a déclaré dans une interview télévisée qu'il avait offert de nouveaux postes ministériels
à d'éminentes personnalités de l'opposition. Pourtant, la composition du
dernier gouvernement ne comprenait que 10 membres de la Confrérie sur un total
de 27 ministres.
L'opposition à la composition de l'Assemblée constituante
chargée de rédiger la Constitution était la deuxième pierre angulaire sur
laquelle les partis de l'opposition montraient leurs cartes, faisant valoir qu'elle
été dominée par des personnes de tendance «islamiste». Cependant, la
composition de l'assemblée avait été approuvée dans un accord signé par les 22
partis d'opposition 7 juin 2012, avant
l'élection de Morsi, d'accepter les Frères musulmans, après décision judiciaire,
sous le mandant des militaires, qui a annulé la composition de son
prédécesseur, déterminé par le parlement, où, il ne fait pas oublier que la
coalition des Frères musulmans et d'autres partis islamistes avaient 72% des
sièges, obtenus en début d'année (le Parlement avait également été dissout par décision
du tribunal). La plupart des membres des partis de l'opposition se sont retirés
rapidement des travaux de l'Assemblée. La constitution a été approuvée avec 64%
des voix, tandis que le taux de participation a été faible (33%).
La déclaration constitutionnelle émise par Morsi le 22
Novembre 2012, que fondamentalement prétendait blinder ses décisions et celles
de l'Assemblée Constituante face aux défaillances de l'appareil judiciaire a était,
sans doute, la seule décision importante qui peut être étiqueté d'autoritaire,
et une des plus grandes erreurs stratégiques de Mursi, malgré l'annulation deux
semaines après ses dispositions les plus controversées, ce qui indique les limites de son
autoritarisme, et qui visait à prévenir l'influence de l'importante présence dans
le système judiciaire de fidèles serviteurs de l'ancien président Moubarak et
de ses successeurs, le SCAF. Dans le même domaine, suivit peu de temps après la
tentative de limiter la dite influence moyennant la ré-élaboration de la législation
relative au système judiciaire, et en particulier à avancer de cinq ans, l'âge
de la retraite des juges. Il convient de noter, toutefois, que quelques années
plus tôt Moubarak avait retardé l'âge de départ à la retraite de cinq ans, et à
l'époque personne ne doutait que l'ancien président le faisait pour servir ses
intérêts. Finalement, dans le domaine judiciaire, aussi en Novembre 2012 Mursi écarta
de son poste de procureur général, Abdel Meguid Mahmoud, et nomma un nouveau
pour quatre ans, ce qui a ouvert un long différend sur son autoritarisme.
Cependant, Mahmoud avait été nommé par Moubarak, et avait été accusé par
l'opposition après Janvier 2011 de gêner les investigations sur les dirigeants de
l'ancien régime. Il ya deux jours, la Cour suprême a statué, sans appel
possible, que Mahmoud devait retourner à ses ancienes fonctions (18: 15 heures
de Juillet 3).
Si j'étais journaliste pour Al-Jazeera Mubashir
(Al-Jazeera Live) parlant depuis le Caire, il-y-a un peu plus d'une demi-heure
(à 23h55, heure locale) mon discours aurait été interrompu ici, au moment où l'armée
égyptienne faisait irruption dans les bureaux de la chaîne et coupait le signal
de retransmission, peu de temps après l'interruption des images "pour des
raisons techniques liées à la sécurité" que la chaine diffusait des extraits de partisans de Mursi de la place du Caire d'Al-Adawiyya. Était, en
réalité, la chaine Al-Jazeera incitait à la violence ou en appelait aux partisans
de Mursi à résister au moment où le
signal a été coupé?
Dans l'absolu, une présentatrice se trouvait avec deux
invités: l'un d'eux, le professeur de science politique Hasan Nafaa, critique et
opposant modéré de Mursi, et l'autre dont l'identité est inconnue pour moi.
Nafaa terminait d'expliquer que, avec l'intervention de l'armée, c'était pour
donner de la stabilité au pays, afin de former un gouvernement d'unité
nationale, de rétablir l'équilibre de l'économie et de la situation politique
et sociale, et après une phase de transition, organiser des élections
législatives et présidentielles. - A ce moment, la présentatrice demanda, se
tournant vers l'autre invité: «Et si, après cette étape transitoire que les Frères
musulmans gagnent les élections, que se passera-t-il?".
- Le deuxième invité a répondu, "Ce n'est pas
possible".
- La présentatrice: «Ce n'est pas possible,
pourquoi?".
- L'invité: «Parce que ce serait un problème."
- La présentatrice: "Pourquoi serait un
problème."
- L'invité: "Parce que l’Égypte se transformerait en Pakistan
des les pays arabes."
A ce moment, Nafaa, prit le discours à son compte pour dire
qu'il ne pensait pas que les Frères
musulmans gagneraient à nouveau les élections législatives parce que les choses
ont beaucoup changé dans le pays, avants les gens l'habitude avaient fondé de
grands espoirs sur les Frères musulmans, les considéraient un mouvement
honnête. Ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.
Peu de temps après, un ami m'a envoyé des images de la
fermeture de la télévision islamiste Al-Nas TV et l'arrestation de ses employés,
retransmis par la télévision Dream TV, détenue par le milliardaire Ahmad Bahgat,
honoré par l'octroi d'une licence de télévision par Hosni Moubarak en 2001. La
présentatrice de Dream TV, après avoir énuméré les noms des principaux détenus,
déclare que le canal Al-Nas TV s'en prenait à l'armée, affirmant qu'il déclarait qu'il y
avait eu un coup d’État et qu'il s'opposait à la présence de manifestants
anti-Mursi dans les rues. Ensuite, elle "rappelait" que Al-Nas avait l'habitude
de diffuser la division et le sectarisme, attaquait des personnalités
nationales et les institutions nationales telles que l'armée et la police, de
manière très grossière. Immédiatement après, communiquait que la Garde Présidentielle
avait arrêté le président Mursi, et ajoutait..., "destituait"
(majlua), et une voix de fond disant "expulsé" et la présentatrice acceptant
le jeu de railleries: "déchu", "dépossédé", "écarté"
..., (rires en chœur). Enfin, la présentatrice, après avoir examiné les noms d'autres
détenus de premier plan, se réjouit de voir quelques personnes portant un officiel
sur leurs épaules, et dit: "Je vais sortir dans la rue aussi porter notre
police sur mes épaules."
Avant l'arrêt des images, j'allais poursuivre sur les
raisons d'être contre Mursi, et les opposer à ce que l'on pourrait supposer appuyer
ou favoriser le coup d’État militaire contre la légalité constitutionnelle et
démocratique. Ce dernier nous avons déjà commencé à l'entrevoir: les personnalités
élues arrêtés, la fermeture des médias (inclus
celle qui avec la plus stricte professionnalisme et objectivité informative contribua
à la chute de Moubarak plus que tous les autres dans le monde), la
glorification de l'armée et de la police auteurs du coup d'Etat qui durant l'ère
Moubarak et après, ont torturé, humilié les Egyptiens, y compris de nombreux
Coptes («événements Maspero" Octobre 2011 ") et de nombreux égyptien
(Fatahh Abdel Al-Sisi, chef du CSFA, a été chargé de justifier devant les
caméras les "tests de virginité" effectué sur les détenues par les
militaires en Mars 2011), deux des plus grands segments de la société que croient
devoir protéger des islamistes ...
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