Le point de vue
de presse d'un journaliste israélien, qui s'est toujours remarqué par la
justesse d'événements, qu'il a vécu eu cœur.
Arrestations massives, colons violents, expulsions et
dépossessions : c’est le lot des Palestiniens de Jérusalem avec lequel
personne n’aurait dû être surpris par l’attaque terroriste de mercredi.
Par Gideon Levy, le 23.10.14
L’attaque terroriste de mercredi soir à Jérusalem n’aurait
dû surprendre personne. Après tout, deux nations vivent dans le Pretoria de
l’État d’Israël. A la différence des autres zones occupées, il y aurait là une
certaine égalité entre les deux peuples : cartes d’identité bleues
accessibles pour tous, liberté de mouvement, impôt foncier payable à la
municipalité, sécurité sociale – tous Israéliens. Mais Jérusalem sombre dans
les mensonges. Elle est devenue la capitale israélienne de l’apartheid.
A l’exception d’Hébron, aucun endroit ne subit un régime
de séparation aussi criant et cynique. Et maintenant que la botte israélienne
s’abat encore plus fort sur la capitale, la résistance dans le ghetto-en-devenir
s’intensifie : battus et opprimés, abandonnés et pauvres, emplis de
sentiments de haine et d’un appétit de vengeance.
L’insurrection est en route. Quand la prochaine vague de
terreur émergera des ruelles de Jérusalem Est, les Israéliens prétendront être
surpris et furieux. Mais il faut dire la vérité : en dépit de l’incident
choquant de mercredi, les Palestiniens se révèlent être une des nations les
plus tolérantes de l’histoire. Arrestations massives, colons violents,
privations, expulsions, manque de soins, dépossessions – et ils demeurent
silencieux, excepté la récente manifestation des pierres.
Il n’existe aucune désillusion dont la ville ne souffre
pas. La capitale n’en est une qu’à ses propres yeux ; la cité unie est
l’une des plus divisées de tout l’univers. L’égalité alléguée est une
plaisanterie et la justice est foulée aux pieds. L’accès libre aux lieux saints
n’existe que pour les Juifs (et oui, pour les vieux musulmans). Et le droit au
retour est réservé aux Juifs.
Un résident palestinien de Jérusalem est maintenant en
bien plus grand danger d’être lynché qu’un Juif à Paris. Mais ici, il n’y a
personne pour réveiller Caïn. A la différence du Juif parisien, le Palestinien
peut être expulsé de Jérusalem. Il peut aussi être arrêté terriblement
facilement. Après que le jeune Mohammed Abu Khdeir de 16 ans ait été brûlé à
mort, provoquant une vague de protestations, Israël a arrêté 760 Palestiniens
dans la ville, dont 260 enfants.
Comme toujours, la réponse à chaque problème est une main
plus pesante. Le premier ministre a déjà ordonné de soutenir les forces de
sécurité, utilisant le seul langage connu des membres de son gouvernement. Et
quand, naturellement, la résistance devient plus violente, ils lèvent les mains
au ciel et disent : « Regardez comment ils détruisent la voie légère
que nous leur avons construite. »
Jérusalem aurait pu être différente. Si Israël y avait pratiqué la justice et l’égalité, elle aurait pu devenir une cité modèle. ; le peuple qui l’a annexée aurait dû s’y efforcer. Aux pires jours de l’intifada, il y eut relativement peu de terrorisme dans la ville, alors même que ses résidents pouvaient voyager librement. Les Palestiniens sont les mêmes Palestiniens, mais la fermeture, le couvre-feu et le siège sont différents. Le résultat est qu’il y avait moins de terrorisme à Jérusalem, réfutant la théorie comme quoi un siège prévient le terrorisme. Pourquoi ? Parce que beaucoup de résidents de la capitale aspirent à devenir Israéliens. Mais Israël les en empêche. Unis, unis – mais sans les Arabes.
Les arrestations massives à Jérusalem, qui n’ont éveillé
aucun intérêt en Israël, l’invasion des colons dans les quartiers arabes avec
le soutien du gouvernement et des tribunaux, la négligence criminelle dont la
ville est responsable – tout ceci aura un coût.
Combien de temps encore verront-ils leurs enfants craindre
de quitter leur maison de peur d’être attaqués dans la rue par des
hooligans ? Combien de temps verront-ils leurs enfants arrêtés à chaque
jet de pierre ? Combien de temps observeront-ils l’abandon de leurs
quartiers ?
Combien de temps consentiront-ils à leur expulsion tacite
de la ville ? Entre 1967 et 2013, Israël a retiré le statut de résident à
14.309 Palestiniens de Jérusalem, avec d’étranges prétentions qui ne
s’appliquent à aucun de ses résidents juifs. N’est-ce pas de l’apartheid ?
Alors, la terreur surgira. En retour, des drones
envahiront les cieux du camp de réfugiés de Shuafat, il y aura des meurtres
dans les rues d’Azariyeh et des assassinats ciblés à Beit Hanina, et une autre
barrière de séparation sera construite entre les deux parties de la ville,
juste pour être du bon côté. Avec un maire nationaliste, des forces de police
violentes et un gouvernement dirigé par Benjamin Netanyahu, rien n’est plus
sûr.
Lisez l'article de ces événements Par Marie de Vergès du journal français L'Express
Comme Boris
Vian, sous le pseudonyme de Vernon
Sullivan, l'avait écrit dans son roman J'irai cracher sur vos tombes, qui met en scène face aux difficultés
des Noirs américains dans leur vie quotidienne face aux
Blancs.
Le monde
ferait bien de se réveiller et déclarer haut et fort : "nous irons cracher sur vos tombes"
en faisant référence à la condition des palestiniens face à leur occupants
israéliens. Le monde bien pensant est-il réellement composé d'êtres humains ?
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